Le signal a été donné le 10 avril 2017 à Lomé. Les experts et Ministres de l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale ont marqué l’engagement des pays africains à œuvrer à la mise en place d’un système coordonné et coopératif afin d’améliorer les services de recherches et de sauvetage(SAR) sur le continent en cas d’accidents d’avions.
Les travaux ouverts à cet effet le 10 avril 2017 ont pris fin le 13 avril 2017. Ils sont sanctionnés par une déclaration dite de Lomé. C’est le Premier Ministre, Monsieur Komi Sélom KLASSOU qui a ouvert les travaux au nom du Chef de l’Etat et en présence de diverses personnalités parmi lesquelles, le Ministre des Infrastructures et des Transports du Togo, Monsieur Ninsao GNOFAM, président en exercice du Comité Technique Spécialisé (CTS).
Cette cérémonie a été aussi marquée par la remise du prix de reconnaissance au Togo pour ses efforts en matière de sûreté et de sécurité de la navigation aérienne. Ce prix a été décerné par l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI) et remis par son président du conseil, Dr Bernard Aliu.
La conférence de haut niveau sur l’amélioration de la fourniture des services de recherches et de sauvetage (SAR) en Afrique est organisée par la commission africaine de l’aviation civile (CAFAC) et le Togo avec la collaboration de l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI) sous la présidence de l’Union Africaine (UA).
Elle a offert l’opportunité aux ministres concernés de plancher sur le plan d’action adopté par la réunion des experts qui l’a précédé et qui a statué sur l’approbation des modèles de textes règlementaires (modèles de plans nationaux de services SAR lois et manuels) ainsi que sur les récents développements relatifs à la technologie pour le soutien des services SAR.
Les défis liés aux services SAR en Afrique
Le Premier Ministre (PM) Klassou a tenu à féliciter le président du conseil de l’OACI pour sa brillante réélection à la tête de cette institution qui témoigne le formidable travail qu’il abat, notamment, son initiative « no country left behind », signifiant : « qu’aucun pays membre de l’OACI ne doit pas être abandonné ».
Le PM a ensuite souligné l’importance des assises et la question cruciale qui en est l’objet, en l’occurrence celle de la sécurité et de la sûreté dans le secteur du transport aérien.
Pour le PM, l’avion reste et demeure le mode de transport le plus sûr. Toutefois, lorsque qu’il advient des cas de détresse voire des crashs d’avion, le nombre de victimes enregistrées, dues, non seulement à l’accident lui-même, mais le plus souvent par la défaillance voire par manque de service d’intervention rapides et efficaces en recherches et sauvetage, est indicible.
En effet, les statistiques réalisées par l’organisation « aviation safety », l’année 2014 a enregistré 21 crashs de vols commerciaux faisant 694 victimes contre 19 crashs avec 325 victimes en 2016. Pour le PM, cette relative tendance à la baisse des décès pouvait être d’avantage amélioré si la mission de coordonner et de diriger les services de recherches et sauvetage assignés aux SAR était au point au niveau des Etats.
Se basant sur les audits de l’OACI, Monsieur KLASSOU a fait savoir que beaucoup de carences ont été observées dans l’établissement et la mise en œuvre des services SAR en Afrique et dans les pays de l’océan indien. Ces carences touchent le manque de moyens financiers adéquats, l’absence de législation nationale, le déficit de coopération et de collaboration entre les Etats, l’absence d’un plan national et d’équipement SAR adéquats pour des opération de récupération de grande échelle ainsi que le manque de formation adéquate et l’organisation des exercices.
Il a par ailleurs, noté que la plupart des Etas africains ont ratifié et adhéré aux différentes conventions relatives aux services de recherches et sauvetage tout en mettant en place, à titre individuel ou en collaboration avec d’autres Etats, une organisation efficiente capable d’accomplir les fonctions fondamentales des services SAR.
Mais que malheureusement, c’est au moment des accidents et donc des drames que des services SAR mis en place dans la plupart de nos pays se révèlent impuissants pour porter rapidement secours aux victimes et réduire un temps soit peu les conséquences.
Les actions SAR au Togo
Le Togo nourrit l’ambition de constituer un véritable rêve en matière de transport aérien dans la sous région. Pour ce faire, il est créé le sous centre SAR en 2007, conformément à la loi. Ainsi, depuis 2011 ce centre, doté de matériel de recherches et sauvetage, est effectivement opérationnel et s’acquitte de ses devoirs. Aussi, organise –t-il chaque année des exercices pratiques destinés à renforcer la capacité opérationnelle des différents acteurs et structures concernées pour fournir un réel filet de sécurité solide aux personnes en cas de nécessité.
De plus le Togo a pris des accords et signé des mémorandums d’entente avec le Bénin, le Ghana, le Burkina Faso et le Niger pour se conformer aux normes et pratiques recommandées. Cette volonté de s’ouvrir et de coopérer dans un cadre inter-état est la preuve qu’en matière de recherches et sauvetage des vies humaines, les frontières ne comptent pas et notre pays ne pense pas rester sur ces pré-requis et performances mais compte s’appuyer sur l’accompagnement des différentes instances de l’aviation civile internationale notamment l’OACI et la CAFAC pour accroitre la rapidité, la flexibilité et l’efficacité de son sous centre SAR.
Le Premier Ministre a profité de l’opportunité pour inviter les pays africains à la mutualisation des efforts et expériences dans le domaine avant de souhaiter que la réunion de Lomé donne la possibilité de prendre la mesure de la nécessité pour sortir les pays africains de ce cercle vicieux de tragédie et d’établir un large partenariat entre les gouvernements et toutes les composantes des services SAR.
Les mérites du Togo récompensés
Le président du conseil de l’OACI Dr Bernard ALIU, en remettant au Togo un certificat en reconnaissance de ses efforts en matière de mise en œuvre des normes et pratiques recommandées sur le plan international, a indiqué que ce prix a été décerné à notre pays selon les critères objectifs et transparents. Il a ajouté que les derniers audits réalisés par l’OACI ont relevé que le Togo avait enregistré un score de 85 %. Ce score est le meilleur en Afrique et place le Togo en tête en matière de mise en œuvre des normes de sécurité mondiales.
Selon lui, cette reconnaissance est tout a fait légitime. Aussi a-t-il félicité l’ensemble des togolais souhaitant que cette amélioration puisse se poursuivre pour le Togo et l’ensemble des pays du continent.
Le Ministre des Infrastructures et des Transports, Monsieur Ninsao GNOFAM, s’est réjoui de cette qualification. Il a précisé que ce diplôme est le couronnement des efforts consentis par le Togo dans le cadre de la recherche, de l’amélioration de la fourniture des services de recherches et sauvetage dans le secteur de l’aviation.
Il a ajouté que la préoccupation de l’UA à travers la CAFAC est de faire en sorte que chaque fois qu’il y a un accident d’avion, qu’on puisse limiter le nombre de victimes et de dégâts. Pour cela, il a recommandé à chaque Etat de mettre en place des structures efficaces.
Il a déclaré que le Togo, sous l’impulsion du Président de la République, a déployé depuis cinq ans les moyens en terme de modernisation des infrastructures aéroportuaires, surtout au niveau institutionnel et en terme de structures chargées de faire des recherches et de procéder au sauvetage en cas d’accident.
Il a précisé que périodiquement, l’OACI procède à des audits sur toutes les plateformes aériennes pour s’assurer de l’effectivité de ces mesures. Selon le Ministre, les derniers audits en date ont donné une note de plus de 80 sur 100 points à l’espace aérien togolais en matière de sécurité et de sûreté alors que la moyenne requise est de 60 points sur 100. Ce qui propulse le Togo au premier rang en Afrique devant « les grands ».
Le ministre GNOFAM a signifié que « ce certificat n’est pas seulement pour le Togo. Il vient encourager tous les autres pays à suivre son exemple afin que par rapport à l’agenda de 2063 de l’UA, dans les 10 ou 15 ans à venir, que le ciel africain, les plateformes aéroportuaires africaines soient les plus sûres comme tous les autres continents »
Résumé de la déclaration de Lomé
Tous ces travaux ont abouti sur l’adoption d’une déclaration dite de Lomé sur l’amélioration de la fourniture de services SAR en Afrique. Dans cette déclaration, les ministres s’engagent entre autres à honorer les responsabilités de leurs Etats dans le cadre des conventions aéronautiques et maritime relatives à la mise en œuvre des services SAR.
Ils s’engagent également à poursuivre la mise en œuvre des politiques de renforcement de capacités des experts SAR en Afrique, à faciliter les négociations et la signature des mémorandums de coopérations en matière des SAR, des protocoles d’accords SAR entre les Etats et à accorder une attention particulière aux SAR dans les plans nationaux de développement des Etats.
Ils soutiennent la création des centres conjoints régionaux et sous régionaux de sauvetage et de coordination ainsi que la mise en commun des ressources (humaines, matérielles et financières). Par la même occasion, ils décident d’assurer l’engagement politique au niveau national, régional et continental, l’amélioration des SAR en Afrique et de soutenir la mise à disposition des moyens suffisant pour des SAR durables.
Ils promettent d’intensifier la coordination et la coopération nécessaires entre les organisations civiles et militaires impliqués dans les opérations SAR et de veiller à la signature et la mise en œuvre d’accords avec les Etats voisins en vue de renforcer la coopération et la coordination en la matière.
Pour finir, les ministres demandent à l’OACI, à travers le plan AFI en collaboration avec la CAFAC et les partenaires, de soutenir la mise en œuvre du plan d’action sur l’amélioration de la fourniture des services de recherches et sauvetage en Afrique, adopté par la conférence./.