I – Est-ce que le Togo connait le phénomène de l’immigration clandestine ?
L’immigration désigne aujourd’hui l’entrée dans un pays, des personnes étrangères qui y viennent pour y séjourner ou s’y installer. Le mot immigration vient du latin in-migrare qui signifie « rentrer dans un lieu ». Elle correspond, vue du côté du pays de départ, à l’émigration.
L’immigration clandestine concerne les habitants de pays pauvres cherchant un meilleur niveau de vie dans les pays plus riches et grand delta de démographie, ou des immigrants politiques non reconnus.
L’immigration clandestine se fait donc illégalement : les clandestins prennent fréquemment des risques importants pouvant mettre leur propre vie en péril afin de rejoindre des pays présentant des conditions de vie qu’ils espèrent meilleures. Ils n’hésitent donc pas à tout abandonner pour tenter l’aventure souvent « aidés » dans cette entreprise par des passeurs peu honnêtes leur faisant payer un prix exorbitant pour leur fournir les moyens de franchir les obstacles naturels (mers, montagne, fleuve, etc.) ou humains (poste frontière) dans des conditions de sécurité extrêmement précaires. A nuancer avec :
- le trafic des êtres humains, il est défini par le Protocole de Palerme en son article 3 comme « le recrutement, le transport, le transfert, l’hébergement ou l’accueil de personne par la menace de recours ou le recours à la force ou à d’autres formes de contrainte, par enlèvement, fraude, tromperie, abus d’autorité ou d’une situation de vulnérabilité, ou par l’offre ou l’acceptation de paiement pour obtenir le consentement d’une personne ayant autorité sur une autre aux fins d’exploitation.
- Le trafic de migrant quant à lui se définie comme la procuration de faux documents à une personne dans le but d’obtenir directement ou indirectement d’elle, un avantage financier ou matériel de son entrée illégal dans un Etat dont il n’est pas ressortissant ou résidant permanent.
Ainsi définit, le fléau de l’immigration n’épargne pas le Togo en tant que pays de transit, de destination et de départ. Il implique aussi le Bénin, la Cote d’Ivoire, le Gabon, le Ghana, le Mali, le Nigéria, le Cameroun, le Burkina Faso, la Guinée et le Niger en ce qui concerne l’Afrique.
II – Qui sont souvent les candidats ?
Le fléau touche toutes les couches sociales notamment la jeunesse déshéritée et les populations menacées par des violences politiques majeures. Aujourd’hui, les flux de migrations sont orientés aussi bien des pays en développement vers les pays développés que d’un pays développé vers un autre, notamment le développement Sud-Sud. Les plus forts taux de travailleurs immigrés dans la population active se retrouvent dans les pays du Golfe Persique : 90 % aux Etats Emirats arabes unis : 86 % au Qatar et 82 % au Koweït.
III – Pour quelles raisons prennent –ils la mer malgré les risques auxquels ils s’exposent ?
Les contextes et réalités de chaque société offrent aux trafiquants des opportunités pour atteindre leurs objectifs. Parmi ces facteurs on a :
- La pauvreté, le manque d’opportunité et le chômage
- Les conflits politiques et militaires, les guerres civiles….
- Les pratiques sociales et culturelles (marginalisation et subordination des femmes, discrimination sexuelle).
Sur le plan spécifique, le fléau peut avoir deux volets de justifications :
Pour le migrant, l’immigration peut avoir une ou plusieurs raisons :
- Professionnelle (mission de longue durée à l’étranger) et études ; On parlera alors généralement d’expatriés
- Politique (réfugié politique fuyant les persécutions) ;
- Economique (habitants de pays pauvres cherchant un meilleur niveau de vie dans les pays riches, éventuellement temporairement) ;
- Personnelle (volonté de s’installer dans un pays par goût, par exemple si l’on se reconnaît dans ses valeurs) ;
- Familiale (rejoindre le conjoint, l’enfant déjà installé).
- Fiscale (l’installation dans un pays offrant un niveau d’imposition moins élevé)
Pour les États, l’immigration peut permettre de faire face à un déficit des naissances ou encore assurer une quantité ou qualité de main d’œuvre suffisante. Toutefois, l’immigration illégale va au-delà des souhaits des pays d’arrivée.
IV – Quelles sont les mesures prises pour lutter contre le phénomène au Togo ?
Deux moyens au plan national. Il s’agit de :
- l’arsenal juridique notamment le code pénal et le code des enfants,
- la sensibilisation
Au plan international :
- le protocole de Palerme visant la lutte contre le trafic par voie terrestre, maritime et aérien,
- l’accord de coopération en matière de police criminelle entre les Etats de la CEDEAO signé en 2003,
- l’accord quadripartite entre le Bénin, le Ghana, le Nigéria et le Togo signé en 2003 ;
- l’accord bilatéral entre le Togo et le Gabon en matière de lutte contre la traite des enfants (en vue).
Concernant le trafic d’êtres humains aux fins d’exploitation sexuelle, de travail forcé et de trafic d’organes, les moyens mis en œuvre sont notamment :
- Formations et opérations en Afrique de l’Ouest en 2013 dans le cadre du programme STOP
- Formation et opération en Afrique de l’Ouest en février 2015 dans le cadre du programme de gestion des frontières. Une autre opération est en vue.
- Mise à disposition de manuel de bonnes pratiques en matière de lutte contre le trafic d’êtres humains
- Rapports d’analyse
Au sujet du trafic de migrants/immigration illicite organisée, il s’agira entre autre de :
- Coopération active avec les autres organisations internationales par la participation au projet « IMPACT » mené conjointement avec Europol et FRONTEX, sous la direction de l’ONUDC pour lutter contre l’immigration illégale en provenance d’Afrique de l’Ouest
- Projet DNS (Dismantling Organized Networks / démantèlement des réseaux organisés) par la formation, le soutien opérationnel et technique et par la protection des frontières. /.